Dynamique des rivières : c’est le printemps!

Depuis quelques années, la fonte printanière fait les manchettes : de l’Outaouais à la Beauce, en passant par Charlevoix et la Gaspésie, on a vu des images d’habitations les pieds dans l’eau. Pourquoi les inondations ont-elles d’importants impacts sur nous? Cela s’explique notamment par la définition du risque, qui existe lorsque des éléments vulnérables à la submersion y sont exposés directement : pas de dommages possibles, risque nul!

De novembre à avril, au Québec, nos rivières se couvrent de glace. Pendant ces mois d’hiver, l’écoulement et le ruissellement des cours d’eau sont affectés par les couverts de glace, qui se forment au gré des conditions hivernales. Au printemps, le gel et le dégel, l’augmentation des températures et les pluies provoquent régulièrement une montée des eaux. Lorsque ces conditions sont couplées avec des embâcles, des accumulations de plaques et de blocs de glace, la hausse du niveau de l’eau peut atteindre plusieurs mètres. Cela pousse les rivières à sortir de leur lit, et à inonder le territoire avoisinant, parfois rapidement.

L’embâcle et débâcle survenus en 2014 sur la rivière Montmorency et l’accumulation de glace qui a affaissé les talus près de certaines résidences sont des exemples parmi d’autres de l’impact que ce genre d’évènement peut avoir sur la population locale. D’autres cas plus extrêmes d’inondations ont aussi forcé l’évacuation de certaines résidences, notamment à Beaupré, lorsque la rivière Sainte-Anne du Nord est sortie de son lit dans le secteur de l’avenue Royale, en janvier 2018. Une trentaine de résidents avaient alors été évacués de façon préventive.

Il faut dire qu’il est difficile de prévoir quand surviendront les inondations : les précipitations fortes et les formations d’embâcles arrivent parfois en l’espace de quelques heures. La construction en zone inondable complique les choses, tandis que le manque de connaissances, de cartes et de modèles fiables, expliqué par la complexité des données à analyser et à produire, ne permet pas de prédire de façon sûre les inondations. Une nouvelle donnée sera également à considérer : les changements climatiques. Que pouvez-vous alors faire, pour aider à éviter les conséquences de ces inondations? Ne pas se construire en zone inondable, gérer de manière efficace ses eaux pluviales, bien s’informer avant de faire un aménagement et maintenir ou aménager une bande riveraine ne sont que quelques exemples de bonnes pratiques à mettre en action. Et maintenant, à vous de jouer!

Lexique :

  • « Crue : Augmentation du débit d’un cours d’eau suite à une augmentation du ruissellement (pluie et/ou fonte de neige)
  • Débit : Quantité d’eau passant à un endroit donné pendant une certaine période. Dans le présent rapport, la quantité est exprimée en volume (m3 ) tandis que la période est très courte, soit une seconde (s). Le débit est donc exprimé en m3 par s, ou m3 /s.
  • Débâcle : La débâcle se définit comme une période durant laquelle les glaces de rivière se dégradent et sont emportées par le courant. La débâcle débute donc avec les premiers signes de fonte et se termine lorsque les glaces sont évacuées d’un bassin versant. Cette période peut durer quelques heures à plusieurs semaines, selon les conditions météorologiques et les caractéristiques du bassin. La débâcle peut être graduelle et thermique, ou soudaine et dynamique. Les embâcles sont majoritairement associés au deuxième scénario de débâcle.
  • Embâcles : Les embâcles sont des accumulations de glaces qui se forment dans les cours d’eau. Les embâcles les plus connus sont ceux qui sont associés à la débâcle. Un embâcle peut occasionner un rehaussement significatif du niveau d’eau et il peut mesurer, dans le sens de l’écoulement, quelques mètres à plusieurs kilomètres, la longueur étant un mauvais indicateur de son impact sur les niveaux d’eau puisque l’impact dépend également de la morphologie des cours d’eau et du débit qui prévaut.
  • Pied de l’embâcle : Partie aval de l’embâcle qui initie sa formation vers l’amont et qui repose sur un obstacle quelconque : couvert de glace intact, rétrécissement, structure hydraulique, rochers émergents, etc.
  • Tête de l’embâcle : Partie amont de l’embâcle qui reçoit les glaces à la dérive et qui a moins d’impact sur les niveaux d’eau. »

Source du lexique
Morse, B., et Turcotte, B. RISQUE D’INONDATIONS PAR EMBÂCLES DE GLACES ET ESTIMATION DES DÉBITS HIVERNAUX DANS UN CONTEXTE DE CHANGEMENTS CLIMATIQUES (VOLET A), Université Laval, (en ligne), https://www.ouranos.ca/publication-scientifique/RapportMorse2018.pdf, page consultée le 17 février 2020

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Mathilde Crépin

Mathilde a toujours aimé la nature. Toute petite, elle rêvait de pouvoir pagayer sur des rivières sans fin, courir à travers les herbes hautes et comprendre les animaux.

Devenue géographe, elle comprend mieux les paysages et les nouveaux horizons culturels qui s’offrent à elle. Sa créativité, sa capacité d’adaptation et sa curiosité sont les outils avec lesquels elle souhaite aider à générer les petits changements de demain.

Communiquer, rapprocher les gens et les réalités, et mettre de la beauté, quotidiennement, dans la vie des gens: voici ce à quoi elle aspire!